Juillet 1989, Villiers-sur-Marne, fresque de Mode2. © Joey Zillinger
Le parcours ordinaire d’un gars atypique… ou le parcours atypique d’un gars ordinaire. Je ne sais pas.
Hello, moi c’est Joey, fondateur et directeur artistique du Studio Charlemagne. Plutôt que de vous vanter les mérites de notre agence en vous expliquant que nous sommes les meilleurs ou les plus beaux, j’ai choisi de vous parler du Studio Charlemagne à travers mon parcours.
[ A lire en musique
]
Musique : No Se Feat. Menelik « Quelle aventure ».
Logo « Quelle aventure » : Lazoo ©1995. Avec l’aimable autorisation de Menelik
Juillet 1989, Villiers-sur-Marne : les amis, Moi (je vous laisse chercher), Mode2, KayOne et un voisin qui s’était incrusté. © Joey Zillinger
Je suis né dans les années 70′, et j’ai grandi dans le Neuf Trois (comme on dit), la Seine-Saint-Denis. Cette banlieue multiculturelle, multiconfessionnelle tant décriée mais qui fera sans doute de vous quelqu’un de plus ouvert sur le monde et de plus tolérant. Celle qui vous apprend le « vivre-ensemble »
Après une première partie de scolarité sans problèmes, c’est l’entrée au lycée… et l’arrivée du hip hop en France. C’est l’adolescence, les filles, les « Boums » et leur p***** de quart d’heure américain, les fringues, les pubs un peu folles (Mondino, Jean-paul Goude…) et les premières séries TV (Starsky et Hutch, Les têtes brulées, L’homme qui tombe à pic, Magnum…) et surtout une vraie fenêtre sur le monde. Tous ces ingrédients qui feront de nous des enfants de l’image.
Le lycée… c’est les années 80′, une époque où l’Education Nationale n’est pas très pédagogue et qui au moindre accroc vous oriente immédiatement vers le CAP en faisant bien comprendre à vos parents qu’il n’y a pas d’autre issue possible. Si aujourd’hui le CAP offre des débouchés extraordinaires, à l’époque il était une voie de garage et vous, un moins que rien. « Elève intelligent, curieux, avec de grandes capacités mais peu travailleur », c’est ce qu’on pouvait lire inlassablement sur mon bulletin de notes. Préférant dessiner pendant les cours, toujours un crayon à la main, j’avais plus d’appétence pour le dessin et le français pour son vocabulaire (et moins pour sa grammaire) que pour les maths et les sciences. Pas intéressant pour l’ado que j’étais.
Les légendaires Dj Deenasty et Lionel D au micro. ® Droits réservés
Si j’ai souligné plus haut l’arrivée du hip hop en France, ce n’est pas anodin. Une nouvelle culture débarquait alors en France regroupant mixité, vivre-ensemble, les arts graphiques (le tag et le graffiti), la musique (le RAP, le Deejayiing et le scratch), la danse… un nouveau courant dans lequel je me retrouve complètement. Alors commençent l’école buissonnière (un peu), les heures passées à La Chapelle à observer les meilleurs graffeurs comme Mode2, les soirées de Deenasty dans des caves ou au Bataclan, et l’oreille toujours scotchée sur Radio Nova (l’émission Deenastyle de Deenasty et Lionel D.) pour écouter les MC qui déchirent manier la langue française avec dextérité, les débuts du Suprême NTM, Joey Starr et Kool Shen, avec qui je travaillerai bien des années plus tard. Je voulais en être.
Alors, comme une évidence, ce sera pour moi, le graffiti et le tag. De longues heures à arpenter les rails de la ligne A du RER à l’affût du moindre mur libre. Pour beaucoup, c’était du vandalisme. Mais pour nous c’était de l’art, des défis à relever chaque jour, il fallait toujours être meilleur que les autres, dans la création de personnages, de typographies, de couleurs, non sans soucis avec la RATP, et comme disait Fabe : « La Comatec* pleure encore, on a jamais eu vraiment le même goût pour le décor… » (*anciennement le service de nettoyage des RER).
Les rails du RER (Archives personnelles).
Ce fut aussi des rencontres au détour d’un tunnel, des graffeurs et tagueurs venant de toutes les banlieues alentours avec lesquels on pouvait partager nos techniques à la bombe, nos idées, nos dessins… tous ces jeunes ados qui sont devenus par la suite de grands photographes, de grands graphistes, de grands directeurs artistiques, de grands réalisateurs ou encore de grands musiciens. Bref, de grands artistes.
Et les études dans tout ça ? Bah, c’est la cata ! Il faut m’orienter mais le CAP mécanicien ou électricien, pas pour moi. Une école d’arts graphiques semble plus appropriée à mes capacités. Alors, je me présente à l’Ecole Estienne, qui me refuse, puis à l’école Boulle qui me refuse également. Pourquoi ? car les notes ne suivent pas dans les matières générales sauf… en dessin et en français…
Que faire ? la majorité approche et le service militaire aussi. C’est alors que papa, excédé, m’attrape par le col et me dit : « Soit tu trouves du travail, soit c’est le service militaire… soit je t’explose ! ». Ce sera donc le service militaire, pendant un an, dans l’armée de l’air, où je serai promu Sergent Chef après le peloton d’élèves gradés. Un an à ne rien faire sauf à me remettre en question.
A la sortie de l’armée, j’ai tout juste 19 ans, toujours un crayon greffé à la main (pas d’ordinateur à l’époque) pour dessiner le T-Shirt d’un copain, l’invitation d’untel ou le logo d’un autre. Mais toujours pas d’avenir professionnel…
Je traine également des jours entiers à l’imprimerie Jacques London, rue de la Grange Batellière où maman exerce comme comptable, à découvrir les métiers de l’imprimerie, du papier, de la reliure et surtout des livres d’art pour lesquels l’imprimerie Jacques London est réputée. Elle travaille avec la direction des musées de France, le Louvre et le Centre Georges Pompidou, imprimant invitations, affiches et catalogues d’exposition. Le célèbre graphiste suisse Jean Widmer dessine le logo de la société. Alors, je regarde, j’observe, j’aide, je porte, je coupe, j’encarte pour repartir le soir avec des ouvrages magnifiques sur Rembrandt, Picasso, Delacroix, Tissot, Chagall, Miró, David ou Les Cahiers du Musée d’Orsay. Ce fut ma formation en histoire de l’art.
C’est alors qu’une relation familiale me propose d’intégrer le Service Edition du siège de l’AFPA, qui à l’époque était le plus grand organisme de formation de l’état, en Contrat Emploi Solidarité (CES). Pas très reluisant et payé 600 Francs par mois… Ce contrat me permettait de travailler le matin au sein du service édition, parfait pour moi puisque me donnant l’occasion de toucher enfin aux arts graphiques dans un milieu professionnel, et l’après-midi de suivre une formation liée à l’édition, la mise en page, la fabrication, etc… Mais ce ne fut pas le cas : le leader français (d’état) de la formation professionnelle a été incapable de me trouver une quelconque formation… Extraordinaire !
Soit. Plutôt que de traîner l’après-midi à la maison, je décide de rester travailler toute la journée, même pour 600 Francs (139 €) par mois. C’est le début de la PAO sur des Mac II SE, un cube monochrome qui te rendait heureux car tu pouvais stocker tes données sur des disquettes de 1,5 Mo (Whaooou !). Alors, je regarde, j’apprends, je me forme auprès de ces gens qualifiés mais un peu en retard sur la révolution numérique qui s’annonce, je découvre aussi le métier de relectrice (oui, c’était une femme, un puits de science !), chargée de corriger la grammaire, la syntaxe, les règles typographiques (ponctuation). De la création au flashage (films pour l’impression), de l’impression au Chromalin, des premiers Photoshop© et XPress© qui plantaient tout le temps. J’apprends. J’apprends. J’apprends. Mes créas et mises en page attirent enfin l’attention et je gère dorénavant mes propres projets (kits de formation, logos, dépliants, etc…) directement avec le service communication de la boîte. Une belle entrée en matière dans le monde du marketing et de la communication.
Mais voilà, j’ai 19 ans, je suis un créatif, je maîtrise maintenant les outils mais je ne peux pas m’assumer avec la moitié d’un SMIC.
Je quitte donc l’AFPA au bout de trois mois pour me mettre à mon compte. Sans argent ni local, ça ne va pas être simple. J’arrive tant bien que mal à obtenir un prêt bancaire auprès de la Caixa Bank pour m’acheter mon tout premier ordinateur, un Apple Quadra 650 et je m’installe dans ma chambre d’ado si petite que quand tu ouvrais l’armoire tu ne pouvais plus bouger. Pas grave. J’étais heureux.
Je trouve mon premier client, un vieil imprimeur de la ville pour qui je fais de la « compo » pour des petites annonces : 150 Francs la commande. C’était plus un travail de maquettiste que de graphiste et moi, je voulais créer, montrer au monde entier ce que je savais faire. Mais comme dirait mon ami Jacky des Neg’Marrons : « on crache pas dans la soupe, même quand elle est salée ! ». C’était déjà un bon début.
Les petites commandes s’enchaînent, je gagne un ou deux clients, mais le travail est toujours le même, et il est inintéressant.
La scène musicale indépendante dans les années 90′ : Dood (©DR), Acidgroov (© Côme Bardon) et les Cochons dans l’espace (©Lou Breton-Marchal)
Puis, un jour, au détour d’une conversation, un ami me propose de créer le visuel du tout premier festival du 11ème arrondissement de Paris, le Festival Onze Bouge. C’est un jeune projet ambitieux (comprendre : zéro budget). Mais peu importe, je prends la commande, je crée (enfin !) et je livre le logo, les affiches, les programmes, les annonces presse et tous les outils marketing nécessaires. Ce festival ayant lieu dans le 11ème arrondissement, il m’ouvre les portes de lieux prestigieux comme le Bataclan ou Le Réservoir (Mary de Vivo, Mouss Diouf et Marcello Casali) pour lequel je réaliserai les programmes pendant quelques années et la pochette de disque regroupant les meilleurs artistes de cette scène musicale. Puis ce sont les artistes eux-mêmes (Dood, AcidGroov, Les cochons dans l’espace…) qui me confieront leurs projets m’obligeant par la même occasion à apprendre et maitriser la photo et la vidéo. J’enchaînerai par la création de flyers pour les plus hauts lieux des nuits parisiennes (Bus Palladium, Queen, Les bains douches, Le Gibus, l’Opus Café, etc…) et innoverai par la création de flyers carrés (ce qui n’a rien d’extraordinaire aujourd’hui) reconnaissables entre tous, une sorte de signature graphique.
Frédéric Beigbeder, Edouard Baer et Karl Lagerfed aux Bains Douches ©1990 Foc Kan
Je trouve vite mon équilibre dans l’univers de la musique et du divertissement, me sentant très à l’aise et apprenant de jour en jour sur les codes de l’industrie de loisirs. Mais je n’allais pas faire des flyers toute ma vie… certes la notoriété grandissait, et je me faisais enfin un nom. Mais pas suffisant pour se payer un loyer.
Je décide donc d’approcher les grands groupes du divertissement et de l’industrie de loisirs, l’entertainment (les majors, les chaines de télévision, l’industrie du cinéma), mais sans succès. A l’époque, le concept de freelance était inenvisageable pour eux, il fallait garder une certaine image, un prestige et si vous vouliez travailler avec eux, il fallait être une « agence de communication » avec un minimum de 15 personnes (et 36 stagiaires !).
Un peu abattu mais pas désespéré, je me dis alors que moi aussi je bâtirai ma propre agence et qu’un jour je travaillerai avec ces grandes marques. Je loue donc un plateau de 200 m2 à Bagnolet (93) pour donner le change, un grand open space tout à fait dans la tendance des agences de l’époque, la classe quoi ! Oui, me voilà, mais sans moyens pour embaucher ni à peine assez pour me meubler. Me voilà seul au milieu d’un 200m2 à travailler sur un carton en guise de bureau et sans chauffage. J’en rigole encore aujourd’hui.
Je reprends donc ma routine entre flyers, pochettes de disque pour les indépendants et quelques affiches… le téléphone sonne épisodiquement (même si dans la plupart des cas c’était mère !). Puis un jour, alors que je suis en plein boulot, je reçois, vers 16 heures, le premier coup de fil de la journée :
– La voix au téléphone : « Bonjour, je suis Jérôme Fouqueray, directeur Général de FUN TV et… »
– Moi : « Ok, super, j’ai pas le temps pour tes conneries, c’est qui ? C’est Stéphane ? David ? vous êtes lourds avec vos blagues les mecs, j’ai pas le temps, salut ! »
Et je raccroche.
Le téléphone sonne de nouveau et je décroche très agacé :
– La voix au téléphone : Bonjour, je suis Jérôme Fouqueray et..
– Moi : « Les mecs vous êtes chiants, j’ai du boulot…
– La voix au téléphone : je vous assure, ce ne sont pas vos amis qui vous font une blague, je suis Jérôme Fouqueray, directeur général de Fun TV !
Comprenant alors que ce n’est vraiment pas une blague, je me confonds en excuses. Très compréhensif (et je lui en serai éternellement reconnaissant), il poursuit :
– Jérôme Fouqueray : « J’ai vu et apprécié le travail que vous avez fait pour le festival ONZE BOUGE et il correspond bien à l’image que j’ai envie de donner à FUN TV, j’aimerais vous rencontrer ».
Le rendez-vous est pris, c’est bon, je peux mourir demain tellement je suis heureux, car ce simple coup de fil signifie enfin, pour le jeune homme que je suis à l’époque, une reconnaissance de mon travail. Je crois que ce jour-là j’ai du appeler toute ma famille ou même des cousins qui n’en étaient pas.
Le jour du rendez-vous, je présente mon travail, j’argumente, je veux convaincre. Tout se passe bien, le contrat est presque dans la poche, je vais bientôt mettre un pied dans la cour des grands… jusqu’à la question fatidique : « Vous êtes combien à l’agence ? ». Un peu paniqué et en sueur je ne me démonte pas et lui réponds : « 3 chefs de projets, 5 graphistes print et vidéo et 4 stagiaires… » Un gros mensonge, j’étais tout seul. On en rit ensemble encore aujourd’hui.
De gauche à droite : Alexandre Dos Santo (Zuméo), Jenny Del Pino, Sébastien Joseph (Lucas), Benjamin Morgaine, Vincent Desagnat, Mickaël Youn, Magloire, équipe de tournage (en bas). ©Fun TV
Et c’est parti ! Jérôme me confie la communication graphique de la chaîne, dossiers de presse, pubs et surtout la communication sur le Morning Live « L’émission qui réveille tes voisiiiiiins ». La France découvre une équipe d’animateurs déjantés, ce sont les débuts de Mickael Youn, Vincent Desagnat, Benjamin Morgaine, Cyril Hanouna et tant d’autres. L’aventure durera 3 ans jusqu’à la disparition de la chaîne.
FUN TV m’ouvre les portes et d’autres clients arrivent rapidement comme W9, Paris Première et M6 Interactions ou encore M6 Mobile. On me demande alors de créer des pochettes de DVD, de compilations, d’artistes émergeants ou de la télé réalité (ce sont les débuts de Loft Story sur M6). J’y apprends le Spécial Marketing avec les meilleurs, et les codes de la télévision. On me demande de livrer des spots TV pour tous ces produits, je ne sais pas faire, mais tant pis, je travaillerai la journée et j’apprendrai la nuit. Et puis c’est la découverte de la publicité, avec ses voix off, ses ingé sons, ses normes techniques : j’apprends. Je gère.
Je croule sous le boulot, mais n’était-ce pas ce que je voulais vraiment ?
Je laisse donc le loft « mytho » de Bagnolet, pour m’installer au centre de Paris, dans le 9ème arrondissement dans des bureaux plus modestes car il est temps de passer à la vitesse supérieure et de créer une « vraie » agence de communication. Elle portera le nom de l’Agence Bullet (une balle de révolver en anglais. Et oui, la fougue de la jeunesse !). Entre temps, j’ai pris de l’assurance, de la gueule mais toujours dans le respect des clients, je deviens force de propositions et les clients affluent. J’embauche alors une première graphiste, puis un deuxième, un troisième, puis un chef de projet et un autre, une comptable et plusieurs stagiaires, les clients affluent toujours et on compte maintenant dans le portefeuille clients de l’agence BULLET, des majors (Sony Music, Warner Music, EMI, Universal Music) et d’autres labels comme Wagram, Zomba Records ou Epic pour lesquels nous assureront les lancements en France de Britney Spears, Justin Timberlake ou encore R. Kelly… Puis c’est au tour du cinéma et des éditeurs Vidéos de nous rejoindre comme SND (M6 Vidéo), TF1 Vidéo, Wide… Je retrouve également Kool Shen des Suprème NTM et prends la direction artistique de l’album IV My People – Zone (Photos, graphisme, etc..), sur son nouveau label. L’équipe s’agrandit encore, nous sommes maintenant une dizaine de salariés sans compter les stagiaires.
Des stagiaires extraordinaires comme Jessica, Karim, Julia, Clément, Fatou ou encore Jonathan Behar qui deviendra bien plus tard un grand entrepreneur et l’un des précurseurs de la cryptomonnaie en France. Veillant à tout instant à ce qu’ils soient bien traités et qu’ils apprennent. Hors de question qu’on les cantonne au café ou à la photocopieuse (ça vous rappelle quelque chose, hein !?) car je savais d’où je venais.
Des graphistes vidéos rejoignent l’agence car nous réalisons une vingtaine de spots TV par mois. L’agence BULLET possède maintenant son propre studio d’enregistrement pour les voix off et les mix de ses spots TV. En quelques années, l’agence entre dans le top 10 des agences spécialisées pour l’industrie du divertissement et de loisirs aux côtés de FKGB, Alerte Orange, Barejo… nous étions la plus petite agence, mais nous étions bien là.
Alors que tout le monde s’activait à l’agence, je reçois une nouvelle proposition de projet de la part de Franck Tuil, directeur du Marketing chez Warner Music avec lequel nous travaillions déjà beaucoup. Il était maintenant directeur du marketing chez Lagardère/Cellfish Media. Nous sommes en plein boom de la sonnerie téléphonique, il y en a partout et il faut se démarquer. Il me propose de m’occuper du lancement de la version française de Blingtones. Sur le modèle américain (Snoop Dogg, etc…), il fallait créer des sonneries téléphoniques inédites, des sonneries téléphoniques qui ne seraient plus extraites des tubes de l’époque mais complètement créées pour l’occasion. Pour la partie visuelle, aucun problème, mais pour la partie production musicale… je ne savais pas. C’est pas grave, j’apprendrai. Franck savait que je connaissais beaucoup d’artistes du milieu hip hop, j’ai donc activé mon réseau et mon ami Jacky Brown des Nèg’Marrons (mais si, souvenez-vous du titre « Le Bilan »ou l’émission « Couvre-feu » sur Skyrock…) accepta tout de suite de jouer le jeu et me demanda ce que je désirai comme paroles. Après une petite réflexion, je lui propose d’écrire un texte qui me permettrait de filtrer les indésirables de mon téléphone car il était évident que la concurrence créerai des sonneries du type « Décroche ton téléphone ». Cette collaboration aboutira à la création de la sonnerie téléphonique « Décroche pas » qui sera téléchargée plus de 300 000 fois, comparable à une « Sonnerie d’or ». Un première pour l’époque.
Blingtones : Jacky Brown « Décroche pas ! » (Version longue).
Et voilà. Ce sont mes débuts dans la production musicale et le publishing (éditions musicales). Contrats de production, d’édition, gestion des droits d’auteurs, etc… je ne sais pas faire. Mais j’apprends.
Fort de cette expérience, en parallèle de l’agence, je crée un label de musique et de publishing (avec deux gros succès signés chez Universal Music mais pas mal d’échecs aussi). Ces nouvelles activités font profiter l’agence qui peut maintenant proposer du contenu musical sur mesure (musiques pour l’émission de Valérie Damidot « D&Co » ou encore la signature musicale du logo M6 Video visible dans les salles de cinéma et sur les DVD, par exemple). Je réaliserai et produirai aussi plusieurs DVD distribués par M6 Vidéo, puis des vidéoclips de l’écriture à la réalisation. Mais c’est une autre histoire que je vous raconterai peut-être dans un autre article.
En 2015, l’agence Bullet prendra le nom de Studio Charlemagne (ou Agence Charlemagne, comme vous préférez), l’âge de la maturité diront certains. L’agence s’ouvrira également sur des clients plus corporate séduits par cette touche pétillante issue de notre longue expérience du divertissement en proposant également des services web, UI/UX et du Motion Design.
La quarantaine déjà, je décide en parallèle de reprendre des études, peut-être ma revanche sur l’école, quelque chose à me prouver ? N’étant pas bachelier, vous l’aurez compris, je commence ma deuxième année de Capacité en Droit, indispensable si je veux faire une licence. Vous vous rendez compte ? moi, étudiant en droit à la Sorbonne ! Je ne sais pas où cela me mènera mais je bénéficie déjà de -15% dans les boutiques d’arts graphiques avec ma carte d’étudiant, ahah !
En 2019, je ressors des tiroirs une série TV intitulée Playback que j’avais écrite en 2010 bénéficiant maintenant du soutien et des conseils d’Isabelle Doval et José Garcia, encore de belles rencontres. Une série sur les coulisses de l’industrie musicale française au travers des aventures d’un producteur indépendant inspiré de ma propre expérience. La série est toujours en cours d’écriture.
Oui j’ai connu des haut et des bas, des envies d’abandon parfois, la nécessité de « rentrer dans le rang », d’avancer sur des rails et d’intégrer de grosses boîtes. Mais je me confrontais toujours à la même rengaine (même en ayant été approché à plusieurs reprises par des chasseurs de têtes) : « Vous avez un CV, des diplômes… ? ». Comment tu veux que je te donne un CV alors que j’ai passé toute ma vie à mon compte ? Le recruteurs ne prenant jamais la peine de creuser un peu, répétant bêtement et inlassablement le même schéma appris sur les bancs de la fac’. Encore une faille du marché de l’emploi français ou de culture contrairement à la culture américaine, par exemple. Alors c’est pas grave, rails ou pas rails, on continue, on se bat et on avance.
Enfin, je tiens à adresser un message personnel aux patrons, entrepreneurs, dirigeants de grands groupes : n’ayez pas peur, donnez leurs chances aux jeunes, avec ou sans diplôme, faites leur confiance, ouvrez leur la porte, ils pourraient bien vous surprendre ! Et vous les plus jeunes, ne prenez pas n’importe quel métier parce qu’il en faut un, battez-vous pour faire ce que vous aimez, ce sera surement difficile mais vous aurez une vie heureuse et épanouie, une vie que vous aurez choisie.
Alors, voilà, c’est un petit bout de mon histoire. C’est un peu de tout ça qu’on retrouve chez Charlemagne : plus de 25 ans d’expérience, de succès et d’échecs, de fou-rires et parfois de pleurs, des rencontres extraordinaires, une formation continue auprès de gens incroyables, du stagiaire aux patrons de grands groupes mais avec toujours la même envie : créer !
ll vous suffira de relever les mots en gras pour découvrir nos services.
Alors, quelle aventure ?!… mais la suite est à écrire … ensemble ?